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La gestion du projet

Les complexités techniques s’effacent parfois devant les problèmes sociologiques. Hipparcos, le projet, devait rassembler une communauté n’ayant jamais travaillé sur un projet spatial : analyser et dimensionner les tâches et les réaliser en respectant un calendrier ne fait pas toujours partie de la culture de la recherche. De plus, les communautés devant travailler ensemble étaient très diverses, à cause de l’aspect transversal de l’astrométrie. Enfin, il fallait maintenir la motivation pendant 15 ans en acceptant que les avancées de la science en parallèle soient exploitées par d’autres.

Le projet bénéficiait cependant d’atouts indéniables formant autant de facteurs de réussite, et qui explique la sélection de cette mission. Tout d’abord, l’idée de l’astrométrie spatiale est originale ; non seulement l’amélioration de la qualité des données était considérable, mais elle concernait un éventail très large d’objets. Corollaire : les applications devenaient très variées et s’attaquaient à des problèmes de fond comme la nature et l’évolution des étoiles, la structure et l’évolution de la Galaxie, et la place de celle-ci dans l’Univers. Le projet avait également prévu une préparation approfondie : des campagnes d’observations au sol préliminaires furent réalisées, accompagnées par l’utilisation de données complémentaires (par exemple plaques de Schmidt) ou bien par des simulations détaillées et suivies par des tests et calibrations nombreux.

Les atouts ne servent à rien si l’on ne se donne pas les moyens organisationnels de la réussite. Ceux-ci étaient au moins au nombre de quatre : confier chaque tâche essentielle à un institut spécialiste ; organiser des échanges réguliers entre scientifiques, mais aussi avec les industriels ; avoir la possibilité de se consacrer au projet à plein temps, pendant le nombre d’années nécessaire ; respecter le rôle essentiel du « Scientifique du projet » faisant l’interface scientifiques / industriels pour optimiser les caractéristiques des instruments à bord, et l’interface entre scientifiques.

L’autre atout de la communauté française qui a travaillé sur Hipparcos a été le soutien sans faille de ses autorités de tutelle et des collaborateurs :

  • soutien financier du CNES (en particulier, missions) dès avant la création des Consortia scientifiques ;
  • appui aux deux Français dirigeant deux des quatre Consortia scientifiques ;
  • soutien « stratégique » du CNES pour les simulations numériques : simulation de l’observation avec le satellite, production de données simulées, simulation de la réduction des données, puis traitement de données (ingénieurs + temps de calcul CNES),
  • soutien en personnel techniques : redéploiements, mais aussi recrutements CNRS
  • recrutement de jeunes chercheurs quand les données ont été disponibles, pour rentabiliser cet investissement lourd sur 15 ans
  • soutien à long terme du Centre de Données de Strasbourg (aide à l’utilisation intensive de SIMBAD, aide à la construction d’une « sous-base » de SIMBAD, la base de données INCA - pour Input Catalogue, inclusion du Catalogue d’Entrée puis du Catalogue de sortie Hipparcos dans SIMBAD).

Enfin, un autre élément essentiel du succès a été la volonté des promoteurs du projet de motiver la communauté française, et européenne, pour l’utilisation des données futures du satellite et de la faire réfléchir dès avant la sélection du projet par l’ESA à toutes les applications possibles de l’utilisation d’une telle quantité de données astrométriques d’une précision sans précédent.

Après 20 ans de travail pour environ 200 scientifiques, plusieurs centaines d’ingénieurs, techniciens, administratifs, et 1800 ingénieurs Matra-Alenia et de l’ESA, le résultat est là ! Le coût « industriel » (fabrication, lancement, opérations) a représenté un total équivalent à 687 M€ (2006). En comparaison, la partie « scientifique » correspond à 60 hommes-ans/an sur 16 ans pour les 4 Consortia, soit 960 hommes-ans (dont 450 hommes-ans pour le Catalogue d’Entrée) ; ceci représenterait un coût consolidé (charges salariales, infrastructures, missions) plus incertain, mais d’environ 112 M€, soit une faible fraction du coût industriel.