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Le mouvement astrométrique d'une étoile
binaire
Pour plus d'informations, voir: Étoiles binaires et doubles
On pourrait croire que les étoiles que l'on
voit sont simples. Erreur, une grande partie d'entre elles sont des étoiles
doubles ou multiples. Et parfois, quand le système double est assez
séparé et l'étoile secondaire suffisamment brillante,
on peut voir à la fois la primaire et la secondaire.
En général, si la secondaire est
trop faible, la binarité ne peut être détectée
que par le mouvement de l'étoile primaire sur le ciel. Comment ça
marche ? Newton a trouvé ça il y a quelques siècles,
et il suffit de penser au couple terre-lune ou au mouvement de la terre
autour du soleil pour s'en convaincre. C'est d'ailleurs comme cela qu'on
a réussi à découvrir des planètes autour d'étoiles
distantes.
Regardez le dessin à gauche ci-dessous,
qui représente le ciel, le centre de l'image étant la position
du barycentre (centre de masse) du système (qui d'ailleurs bouge
aussi, parce que l'étoile a un mouvement propre!). A droite les
deux dessins représentent le mouvement au cours du temps (t, en
jours juliens) en ascension droite
acosd
(alpha*) et en déclinaison d
(delta). Ces deux coordonnées sont représentées en
Unités Astronomiques (1 AU est la distance moyenne entre la terre
et le soleil), mais en réalité ce sont des angles. Le rayon
d'une étoile est en général bien plus petit, ce qui
explique qu'il faut faire un zoom sur l'image pour le voir.
Le mouvement de la primaire est en général
plus petit que celui de la secondaire. Celui du photocentre (position moyenne
de la lumière du couple) dépend à la fois du rapport
de masse et du rapport des luminosité (donc de la différence
de magnitude H2-H1).
Quand les deux composantes ont même luminosité (H2=H1)
et même masse (M2=M1), le photocentre n'a pas
de mouvement; inversement, quand la luminosité de la secondaire
est négligeable (naine brune, planète), le photocentre est
sur la primaire. La couleur des deux étoiles a été
mise en fonction de leur masse (les supposant donc sur la séquence
principale) et le mouvement du photocentre est dépeint en blanc.
Si vous mettez pour la secondaire une faible masse
(M2<0.08), une faible magnitude (H2>14)
et une courte période (P), vous constaterez combien il est difficile
de détecter la binarité de l'étoile par le mouvement
de la primaire (voir en bas de page).
En dehors des masses, vous pouvez jouer sur l'excentricité
(e) et l'inclinaison (i), qui changent fortement l'allure de l'orbite.
Les paramètres initiaux qui ont été
mis sont ceux de l'étoile HIP 39903, une des étoiles du Catalogue
Hipparcos. Sa binarité a été détectée
en
1993,
puis redécouverte
gràce aux données d'Hipparcos,
qui ont permis de donner tous les paramètres orbitaux, masses et
luminosités.
Pour jouer avec cette applet:
- Pour changer un des paramètres orbitaux, cliquez
sur le paramètre, puis changez sa valeur dans la boîte à
sa droite. (Note: sur certains navigateurs/plateformes, il faut bouger
doucement en dehors du cadre en attendant que la valeur précédente
s'affiche). Finalement cliquer sur le bouton "Set/Redraw" après
chaque changement de paramètre.
- Pour changer les limites des graphiques, sélectionner
la limite dans la boîte au centre à droite. Par exemple, pour
changer le delta minimum, sélectionner "Min delta". Cliquer ensuite
dans la boîte à sa droite, et changer la valeur. Finalement
cliquer sur le bouton "Set/Redraw".
- Le bouton "Set/Redraw" prend en compte le nouveau
paramètre/limite et retrace le graphique.
- Le bouton "Clear" efface tous les précédents
graphiques et retrace le dernier.
Pour en savoir un peu plus sur les petits calculs
qui sont cachés derrière tout ça:
-
Tout d'abord, il faut se rappeler que ce que l'on
voit est la projection sur le plan tangent du ciel d'une orbite orientée
suivant un certain plan dans l'espace. Il manque donc une dimension. Celle-ci
peut être obtenue par les variations de la vitesse radiale (mouvement
le long de la ligne de visée). C'est cette méthode, qui a
l'avantage d'être indépendante de la distance, qui a permis
de détecter les premières planètes autour d'étoile
distantes. En astrométrie, par contre, l'orbite apparente est inversement
proportionnelle à la distance, donc on ne détecte que les
étoiles doubles proches.
- Les demi-grands axes (la moitié de l'ellipse)
sont notés respectivement a1, a2 and a0
pour les orbites de la primaire, de la secondaire et du photocentre. Comme
l'origine est au barycentre, on a la relation a1 M1
= a2 M2. Ce qui explique par exemple pourquoi la
taille de l'orbite de la primaire est plus petite quand on diminue la masse
de la secondaire.
- D'après la troisième loi de Kepler,
les demi-grands axes, masses et période sont reliés par (a1+a2)3=P2(M1+M2).
Pour se rappeler des unités physiques dans cette équation,
c'est facile si l'on considère la terre (indice 2) et le soleil
(indice 1): a1 est négligeable, donc a1+a2
vaut à peu près 1 AU, la période P est un an, et M1
est une masse solaire, et M2 est néglideable par
rapport à M1. Ça donne 13=121.
- Les orbites sont caractérisées par
7 paramètres, parmi lesquels a1 et P (utilisé
ici en jours juliens) que l'on a déjà mentionné.
L'excentricité e décrit la forme
elliptique de l'orbite, de 0 pour un cercle jusqu'à 1.
L'inclinaison i est l'angle en degrés
entre le plan orbital et le plan du ciel; l'handicap des vitesses radiales
est qu'elles ne fournissent que la masse fois sin(i), alors que l'astrométrie
permet d'avoir les masses exactes.
T est la date de passage au périastre,
le moment oùl'étoile (ou le photocentre) est le plus proche
du barycentre dans le plan orbital; elle est exprimée en jours juliens
(JD) moins 2 440 000.0. Au fait, puisqu'on en parle, une année julienne
vaut exactement 365.25 jours, et la date moyenne de la mission Hipparcos
(1991.25) correspond à JD 2 448 349.0625. Pour voir la mouvement
de nos binaires depuis 1991.25 jusqu'à l'an 2000, il faudrait donc
rentrer 8349.0625 dans la case "Min t"
et 11 545 dans la case "Max t" ci-dessus.
L'argument du périastre w1
(noté o1 dans l'applet) est l'angle dans le plan orbital entre la
ligne des noeuds et le grand axe (la ligne des noeuds est l'intersection
entre le plan orbital et le plan du ciel). L'indice 1 indique qu'on se
réfère à l'orbite de la primaire. Pour la secondaire,
et les observateurs visuels, on utilise plutôt w=w2=w1+180
deg, puisque ce qu'ils voient est le mouvement de la secondaire autour
de la primaire.
Finalement W
(noté O dans l'applet) est l'angle de position (à partir
de la direction +d) de la ligne des
noeuds. Voila, vous savez tout.
Maintenant, voici les paramètres concernant la première
planète extrasolaire découverte par Mayor and Queloz,
à partir des variations de la courbe de vitesse radiale.
L'inclinaison restant inconnue, on l'a supposée
valoir 30 deg (sin(i)=0.5), donc la masse de la planète est
0.99 Jupiter mass = 0.0009 solar mass. W
a été mise à 30 deg,
et w n'a pas d'importance pour une
orbite (presque) circulaire.
Cette applet est basée sur le code java
généré
IDEA
(Copyright 1998 Kevin Cooper).
Vous pouvez récupérer ici
le source java, sachant que vous devez également
aller récupérer
là
les classes java qu'il vous manqueraient pour faire
touner l'applet en local.
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